mardi 24 octobre 2023

Épisode 5 : Coupe du monde de football en salle

Ah, le football…










Peut-on dire que le football a influencé ma vie ? Sans hésiter, oui, ceux qui me connaissent le savent très bien. Pourtant, tout a commencé à un jeune âge par la natation. Comment me suis-je retrouvé dans une piscine à faire des longueurs quand j’avais 6 ou 7 ans ? Aucune idée, probablement ma maman qui souhaitait que je pratique un sport qui me tienne éloigné de la cité HLM où nous habitions… peut-être. Mes souvenirs de cette période de transition entre la natation et le football (il y a environ 50 ans) sont vagues, mais je ne suis pas resté plus d’un an dans les bassins. Ma jeunesse, mon adolescence se sont déroulées avec un ballon de football entre les pieds.

Les débuts se sont faits dans la rue, sur des terrains vagues, le long d'un immeuble où nous avions aménagé 2 buts pour jouer des matchs. Quelques appartements de cet immeuble ont perdu leurs vitres suite à nos tirs mal maîtrisés.

Voyant ma passion, un copain avec qui nous partagions ces matchs endiablés m'a proposé de participer à un entraînement dans le club local. L'essai a été concluant, et j'ai signé ma première licence de football, dans la catégorie ''Poussin''. Cette passion m'a poursuivi même des années plus tard, à des milliers de kilomètres de ma ville natale, Nancy. J'ai progressé au fil des catégories de jeunes, passant de Pupille à Minime. Le football est devenu mon essence, le fil conducteur de ma vie, même si je suis resté sérieux dans mes études. Tous ces efforts à la fois sur le terrain et à l'école allaient-ils finir par payer ? J'ai présenté ma candidature pour intégrer le sport-études football au collège Georges de la Tour à Nancy. Mon dossier scolaire a été accepté, et le test de sélection pour le football s'est avéré concluant. Ma prochaine rentrée scolaire se ferait avec des cours le matin et des entraînements l'après-midi sur le terrain.

La période faste continuait, et l'entraîneur du club local où je jouais m'a proposé de participer aux sélections pour être Minime de Lorraine. La première année au sport-études a été difficile. Le niveau était élevé, je m'entraînais avec des gars qui jouaient dans les catégories jeunes de clubs professionnels, mais je m'accrochais. Les premières sélections pour être Minime de Lorraine se sont bien passées, et j'ai été sélectionné pour le dernier test. Deux ans plus tard… La deuxième année de sport-études a bien commencé. Je me sentais à l'aise, je progressais et soudain... Début janvier, il a neigé et le sol était verglacé à Nancy. Je suis sorti du collège pour prendre mon bus, et en un instant, je me suis retrouvé au sol. J'ai voulu me relever, mais je n'y suis pas arrivé : mon pied gauche était complètement désaxé par rapport à ma jambe. J'ai été opéré 15 heures plus tard. Les urgences traumatologiques étaient débordées, le verglas en ce jour de Janvier avait causé d’énormes dégâts. Verdict : décollement épiphysaire de l'extrémité inférieure du tibia gauche. On oublie, les souvenirs peuvent être vagues, mais je n’ai jamais oublié ce terme ''barbare''. Après une dizaine de tests de sélection pour devenir Minime de Lorraine, vint le dernier test, le jour de vérité. Le temps était maussade, il pleuvait légèrement, et nous nous retrouvions tous sur un stade dans la banlieue de Nancy. Les tests techniques commençaient : 50 jonglages du pied gauche, d'habitude une formalité, mais j'ai échoué, et tout s'est enchaîné de la même manière. Quelques années plus tard, mon entraîneur, qui avait conservé les résultats des tests, m'a demandé : qu'est-ce qui s'est passé ce jour-là ? Peut-être le trac, le manque de préparation, un excès de confiance, je ne sais pas. Je n'atteindrais jamais le niveau que j'espérais, mais la passion restait, même quand j'ai déménagé avec ma maman et mon frère à Nice. J'ai découvert le foot à 7, nous avions une super équipe, les matchs se jouaient le vendredi soir. Tous mes week-ends étaient réservés au football depuis tant d’années. Aller dans de grands stades a été à la fois un moment de bonheur... mais aussi de regrets. Le stade Marcel Picot à Nancy, où un certain Michel Platini a fait ses débuts à peine quelques années plus tôt. Le stade du Ray à Nice, un vrai stade de football, sans piste d'athlétisme. On sentait l'odeur du gazon derrière les buts dans la fameuse Brigade Sud, la passion des gens du Sud. Le Stade de France à Paris, où je suis allé voir la finale de la coupe de France après un long voyage en train depuis Nice. Ce stade où quelques années plus tôt, tout le peuple Français a soulevé la coupe du monde en même temps que Didier Deschamps… et 1 et 2 et 3 zéros. J'allais oublier, cette finale de coupe de France opposait Nancy à Nice. Le destin vous rattrape parfois. Septembre 2004, je pars en vacances au Brésil, atterrissage tôt le matin à Rio, j’espère pouvoir aller voir un match au mythique stade de Maracanã, mais peu de chances, je ne reste à Rio que 2 jours. Check-in à l’hôtel et je vois une petite pancarte sur le comptoir de l’hôtel, ils vendent des billets pour le derby Flamengo-Fluminense : incroyable… et le match a lieu l’après-midi même. Je ne connais pas du tout Rio, mais me voilà parti en bus local, direction le Maracanã, j'achèterai les billets sur place. Après près de 12 heures de vol, une arrivée matinale à Rio que je découvre pour la première fois, je me retrouve quelques heures plus tard assis dans les gradins du stade que n’importe quel footballeur rêve un jour de découvrir. Le rêve d’un gamin de la banlieue de Nancy se réalise.

Tout cela est intéressant, mais quel est le lien avec la Thaïlande et une coupe du monde de football en salle ? Lorsque j'arrive en Thaïlande, j'ai la chance de rencontrer un couple de Thaïlandais dont le mari est non seulement passionné de football, mais en plus, il joue régulièrement avec une équipe de foot à 7 sur des terrains en synthétique. Me voilà de retour sur un terrain de football à Bangkok, avec une équipe Thaïlandaise, contre d'autres équipes Thaïlandaises. La communication est difficile, mais je suis accepté. L'ambiance est sympa, mon niveau n'est plus le même, mais j'ai conservé quelques restes et une condition physique acceptable. Je jouerai aussi quelques matches avec l'entreprise où je travaillais, ainsi qu'avec des amis qui m'ont demandé de faire quelques piges avec leur équipe. 









Au cours de l'année 2012, je lis un article parlant d'une coupe du monde de football en salle en 2012. Impossible, me dis-je, la dernière coupe du monde a eu lieu en 2010 en Afrique du Sud et la prochaine aura lieu en 2014 au Brésil. Mais je réalise rapidement qu'il s'agit de la coupe du monde de football en salle qui aura lieu… à Bangkok. J'arrive à obtenir une place pour les demi-finales : Italie contre Espagne et Brésil contre Colombie. 























Je ne connais pas très bien le lieu où auront lieu ces matchs, mais je recherche sur Internet comment m'y rendre. Et me voilà dans l’aéroport Link jusqu'à la station d'Hua Mak. De là, je pourrai me rendre au stade à pied. Quelle erreur ! Le stade est beaucoup trop éloigné, et il est hors de question de prendre un taxi-moto. Il faut s'y rendre par une grande artère, et j'ai vu trop d'accidents depuis que je suis en Thaïlande. Je prends régulièrement des taxis-motos, mais uniquement dans les petites rues sans trop de trafic. Quelques minutes plus tard, je me retrouve sur un taxi-moto au milieu de la circulation dense de Bangkok. Des voitures passent à quelques mètres de nous, et le chauffeur pousse sa machine au maximum. Je me demande : qu'est-ce que je fais là ? Quand on rêve de quelque chose, il faut parfois savoir oublier ses peurs et ses appréhensions. Mais ça valait le coup. J'ai assisté à une coupe du monde, vu des matchs de haut niveau et surtout, quelle ambiance entre toutes ces nationalités, à l'extérieur et à l'intérieur du stade. J'ai même rencontré un groupe de supporters Brésiliens avec lesquels j'ai testé ce qu'il me restait de Portugais… je ne sais pas s'ils m'ont compris, mais l'ambiance était super sympa et festive. Après tant d'émotions, je ne vais pas renouveler la balade en taxi-moto pour rentrer. Je cherche un taxi, mais impossible d'en trouver un, trop de monde est sorti du stade en même temps. Je vois alors un bus passer, je ne sais pas où il va, mais je monte à bord. Dès que je vois des taxis libres circulant sur la route, je descends du bus et saute dans un taxi pour rentrer chez moi. Quelle journée, quelle expérience. J'ai assisté à une coupe du monde de football.