vendredi 19 juillet 2024

Épisode 10 : Apprendre le Thaïlandais










Est-il indispensable d’apprendre le thaïlandais quand on vit en Thaïlande ?

De nombreux étrangers vivent en Thaïlande depuis de nombreuses années sans parler la langue, hormis quelques mots basiques comme "bonjour", "merci", et d'autres expressions courantes. La réponse à cette question serait donc non, ce n’est pas indispensable. D’autant plus que ceux qui ne parlent pas l’anglais, ou peu, préfèrent améliorer leur anglais, qui est une langue internationale permettant de se déplacer partout et d'être compris la plupart du temps.

La réponse à cette question de l’apprentissage de la langue locale peut-elle être aussi simpliste ? Pas sûr.

Quand je venais en Thaïlande en vacances et que je voyais l’écriture thaï, je me disais qu’apprendre l’alphabet thaï, qui est complètement différent de notre alphabet, serait sinon impossible, du moins très compliqué. Je ne me rendais pas compte à l’époque que ce n’était que la partie visible de l’iceberg. Le plus difficile, pour moi, et je l’ai découvert plus tard, est la prononciation.

Il y a cinq tons dans la langue thaïlandaise, et même si vous connaissez le mot, une mauvaise prononciation entraînera une incompréhension de votre interlocuteur. Cela fait 15 ans que je vis en Thaïlande et j’ai bien compris l’importance de l’utilisation du bon ton. Malgré cela, je me demande encore comment un mot qui me semble quasiment identique quand je l’entends peut être différent pour la personne qui m’écoute ; c’est tellement différent de notre langage.

Cela montre que, quand on décide de vivre dans un pays ou une culture différente de la nôtre, le choc culturel n’est pas un mythe mais une réalité. L’apprentissage de ces codes peut être long, mais indispensable pour s’adapter à notre nouvel environnement et respecter le pays qui nous accueille.

Dès le lendemain de mon arrivée en Thaïlande, j’avais rendez-vous dans une école pour apprendre le thaï. Il faut reconnaître que le but était d’obtenir un visa étudiant, mais aussi d’apprendre la langue. Je n’ai jamais raté un cours.

Au bout de quelques semaines, je me suis rendu compte qu’apprendre l’alphabet thaï n’était pas si difficile, même s’il y a de nombreuses consonnes et voyelles complètement différentes de notre alphabet. Je peux dire qu’aujourd’hui, je lis le thaï correctement (peut-être à 70-80%), mais…











Aujourd’hui, je ne parle pas le thaï correctement. J’arrive à échanger, mais avec beaucoup d’erreurs de prononciation et un manque de vocabulaire. Pourquoi ?

On veut apprendre beaucoup de mots très rapidement, mais c’est une erreur, surtout dans la langue thaï où la prononciation est primordiale. J’aurais dû limiter l’apprentissage à quelques mots par jour, bien les maîtriser et les utiliser dans la vie de tous les jours, puis passer à d’autres mots. Je ne dois pas me voiler la face et reconnaître que je n’ai pas fait tout ce qu’il fallait ; j’ai manqué de régularité et de méthodologie dans mon apprentissage.

Mon anglais était très limité quand je suis arrivé en Thaïlande. Est-ce que cela constituait une difficulté supplémentaire d’avoir deux langues à apprendre en même temps ? Oui, bien sûr. Est-ce une bonne excuse ? Absolument pas.

 

Je ne suis pas professeur de langues et je n’ai pas la prétention de vous expliquer comment progresser. Par contre, je peux vous partager les erreurs que j’ai faites dans l’apprentissage de la langue thaï. Si je peux me permettre un conseil : donnez une importance accrue à la prononciation des mots en thaï. Un mot mal prononcé peut avoir une signification complètement différente. Ne cherchez pas à faire de longues phrases, mais plutôt des phrases courtes et lentement.

N’hésitez pas à parler à la moindre occasion, même si vous faites des erreurs ; vous gagnerez le respect de vos interlocuteurs. Demandez-leur de répéter un mot ; écouter une personne locale dans son contexte ne peut être que positif. Écoutez des émissions locales en thaï pour vous habituer à entendre le thaï et habituer votre oreille aux différentes intonations.

Certes, l’anglais est utilisé un peu partout en Thaïlande, mais réussir à communiquer en thaï vous permettra non seulement de rendre votre vie sociale plus riche, mais aussi, selon le niveau atteint et vos projets, de vous ouvrir des portes. Peu d’étrangers, en proportion du nombre présents sur le territoire thaï, parlent le thaï.

Au vu de mon niveau en thaï, qui est décevant et insuffisant malgré de nombreuses années passées en Thaïlande, je ne veux en aucun cas donner des leçons. Par contre, je peux partager mon expérience pour que, si vous voulez apprendre le thaï, vous ne répétiez pas mes erreurs. Écrire ce post m’a permis d’ouvrir les yeux et de réaliser mes erreurs. Du coup, je me dis que je devrais reprendre un apprentissage plus sérieux et quotidien ; il n’est jamais trop tard. Donner des leçons, c’est bien, mais les appliquer à soi-même, c’est mieux.

samedi 1 juin 2024

Épisode 9 : Transtravel Thailand

Est-ce que vous croyez au hasard, à la chance, à votre bonne étoile ?

Personnellement, je suis très terre à terre et même si je ne minimise pas l’impact que la chance peut avoir dans notre vie, je crois surtout que ça se provoque. Je ne vais pas faire la promotion de jeux de loterie, il y a tellement de personnes qui en deviennent dépendantes au point de s’endetter et de dépenser des sommes folles, au-dessus de ce qu’elles pourraient raisonnablement ‘‘ investir ‘’ et qui les conduisent à des situations désespérées qui affectent non seulement leur vie mais aussi celles de leurs proches.

Il y a quelques années, une fameuse loterie en France avait le slogan : "100% des gagnants ont tenté leur chance". En résumé, si vous n’essayez pas, rien ne se passera : ça paraît évident mais on a souvent tendance à l’oublier. Essayer ne veut pas dire une seule fois… ou deux, cela veut dire régulièrement, en se posant la question de ce qui pourrait être amélioré et surtout ne jamais baisser les bras, se dire que ça ne sert à rien.

Évident, j’ai fait exactement le contraire de ce que je viens de dire lors de ma recherche d’emploi en Thaïlande. Je regardais les annonces sur le Petit Gavroche Bangkok, je répondais à certaines et j’en ai même posté une pour me présenter et pour ce que je recherchais. Jusqu’au jour où j’en ai eu marre de tant de refus, de voies sans issue : j’ai arrêté de consulter ces annonces.

Quelques mois passent et pour une raison inconnue, je me dis que je devrais de nouveau consulter les annonces du Petit Gavroche Bangkok. Une annonce anodine allait se révéler être un tournant dans ma vie en Thaïlande. Cette annonce : ‘’ recherche Français pour cours de soutien en langue Française ‘’, prof de Français quelques heures par semaine. Je contacte la personne qui a passé cette annonce et je lui demande quand on pourrait se rencontrer et où. Bangkok est une ville immense, une mégapole et un déplacement peut prendre beaucoup de temps.

À ma grande surprise, c’est à 15 minutes à pied de chez moi, à peine 5 min en motorbike taxi. Je rencontre la personne que j’ai contactée, François, un Français installé en Thaïlande depuis environ 30 ans et qui est le fondateur d’une agence de voyage locale Francophone, ce qu’on appelle dans le jargon touristique, un réceptif. Le réceptif est en contact avec différentes agences de voyages à travers le monde, son rôle est à la fois de proposer des circuits ou séjours et d’organiser sur place les voyages réservés. Moi qui suis passionné de voyages, je me dis que c’est un super job, je rencontre Fabien, son manager et je me dis qu’il a de la chance.

Le temps passe, je m’entends très bien avec les enfants de François, ils parlent un Anglais et un Thaï parfait, je dois juste les aider à pratiquer leur Français et à leur montrer que la grammaire Française n’est pas si compliquée que ça (elle est déjà compliquée pour nous qui avons passé toute notre scolarité en Français).

Quelques mois passent et François me demande de passer dans les bureaux de son agence de voyage. Il m’annonce que son manager, Fabien, a décidé de rentrer en France et il me propose de prendre sa place. Je suis un peu surpris, je n’ai pas de qualification spécifique pour ce métier et passer une partie de mes journées derrière un ordinateur n’est pas ‘’ ma tasse de thé ‘’, je suis plutôt quelqu’un qui aime être sur le terrain.

Il me dit que je peux faire un essai de 15 jours et on fera le point après. Je sympathise de suite avec Fabien qui me forme ce qui a grandement facilité mon adaptation.

Il est patient, m’explique le métier : il faut être sérieux, motivé et surtout à l’écoute des clients, le but principal est que les clients soient satisfaits de leur séjour. Je me rends compte que les compétences que j’avais développées lors de mes jobs précédents me servent et que finalement, avec du temps et plus d’expérience, je pourrais faire un bon agent de voyage et mélanger à la fois le côté professionnel avec la passion du voyage. Je ne le sais pas encore mais cette aventure va durer plusieurs années, va m’emmener aux quatre coins de la Thaïlande (et même en France), va me permettre de découvrir des gens merveilleux : toute l’équipe au bureau, des agences avec lesquelles nous sommes en contact, sur place lors de visites d’inspection, lors de fêtes avec les employés de la société de l’épouse de François et tellement d’autres.

Quel bonheur ce fut que de faire découvrir ce magnifique pays qu’est la Thaïlande et d’avoir des messages de voyageurs nous disant : ‘’ merci pour ce merveilleux voyage en Thaïlande ‘’. Avant de clore ce post, comment ne pas parler de François, le fondateur de TransTravel Thaïlande. Malgré mon manque d’expérience au début, il m’a fait confiance, m’a aidé et a partagé son savoir sur des dossiers parfois difficiles à gérer. J’ai fait des erreurs, il me l’a dit mais toujours avec tact et surtout, m’a expliqué comment éviter que ça se reproduise : un vrai patron. Au-delà d’une relation professionnelle exceptionnelle, on a noué une relation amicale qui, malgré que j’aie pris un chemin différent, continue : on se voit régulièrement pour un café ou un repas. Merci boss.

Ps : Tout ce que j’ai vécu et partagé à Transtravel Thailand ne va pas se limiter à ce post, ce passage de ma vie en Thaïlande a été trop important.

vendredi 29 mars 2024

Épisode 8 : International Trading Manager

Le choix de Bangkok pour m'installer en Asie du Sud-Est n'est pas un hasard. D'autres pays ou villes auraient pu me convenir, mais je devais penser à chercher un travail qui corresponde à mes qualifications et mon expérience. Habiter dans une mégalopole, certes avec des possibilités illimitées, n'était pas dans mes priorités. J'aime le mélange de la nature à proximité et des villes à taille humaine. Je me renseigne et je me rends compte qu'il y a de nombreuses industries autour de Bangkok, y compris celle pour laquelle je suis qualifié : la production de produits cosmétiques.


De formation scientifique (Biochimie), j'ai commencé à travailler dans l'industrie pharmaceutique pendant près de 5 ans (Groupe Merck). J'ai appris mon métier dans un domaine que je ne connaissais pas : la production. Les débuts ne sont pas faciles. Je découvre les ateliers de fabrication avec leurs tuyauteries complexes qui semblent recouvrir chaque atelier. Je me dis : c'est quoi tout ça ? Comment vais-je me rappeler de toutes ces vannes ? Une vanne d'alimentation mal ouverte, mal fermée, ou simplement une erreur, peut avoir des conséquences non seulement sur le produit, mais aussi sur la sécurité.

Je me rappelle mon instructeur me disant : "Quand tu arrives dans l'atelier, oublie tes problèmes ou autres soucis, concentre-toi sur ton travail. Ton esprit doit être entièrement consacré à ta tâche." Finalement, je m'adapte bien et j'ai rapidement de plus en plus de responsabilités. Je ne le sais pas encore, mais la production fera partie de ma vie professionnelle pendant près de 20 ans.

Cinq ans plus tard, l'usine doit être entièrement rénovée. On me reconvertit dans un poste au laboratoire, mais ça ne me convient pas. J'ai besoin de bouger, de me dépenser pendant la journée. De plus, les relations avec le nouveau responsable sont tendues. Résultat des courses, je me fais licencier, et finalement, ça me convient bien. On a tendance à vouloir rester dans notre train-train quotidien, à garder nos habitudes, sûrement aussi la peur de se remettre en question, la peur de l'inconnu.

Après une année de transition dans le bâtiment (un ami portugais m'a proposé de travailler avec lui et son équipe), me voilà de retour dans le domaine de la production, mais cette fois, dans l'industrie cosmétique. Je suis recruté par une agence d'intérim pour une mission de 2 mois au sein du service fabrication pour une usine du groupe L'Oréal. Cette mission intérim durera près de 18 mois et se conclura par un contrat à durée indéterminée au sein de cette usine. Je ne m'en doute pas encore, mais ce contrat durera 15 ans et se finira par la fermeture de cette usine et sa relocalisation.

Ces 15 ans m'auront permis d'acquérir une expérience importante sur le terrain, mais aussi au niveau du management, avec même des formations à la DGT (Direction Générale Technique) de L'Oréal à Paris. Fort de cette "carte de visite", je sais que rien ne sera facile à mon arrivée à Bangkok, mais je suis assez confiant. Voulant mettre toutes les chances de mon côté, j'ai aussi envoyé mon CV à différents organismes de recrutement (Francophones ou Anglophones) et directement à des sociétés. Résultat : aucun retour, ni même un simple accusé de réception. Me suis-je vu trop "beau" ? Trop optimiste ? J'aurais des réponses à cette question plus tard.

Mon installation se passe bien, je rencontre du monde, je me fais des amis, je vais à des réunions visant à mettre en contact les acteurs de la vie professionnelle à Bangkok, mais rien de concret. Mes envois de candidature restent également sans succès, jusqu'au jour où je réponds à une annonce pour un emploi dans une importante compagnie de cosmétiques en tant que "international trading manager". Je dois être honnête en disant que je ne sais pas exactement à quoi correspond ce poste, mais au vu des compétences qu'ils recherchent, notamment des connaissances approfondies sur la fabrication de produits cosmétiques, je me dis que mon profil peut correspondre.

Effectivement, je reçois une réponse et une proposition d'entretien. Quelques jours plus tard, direction Samut Prakan, situé juste à côté de Bangkok, qui est un pôle industriel important et vaste. On me fait attendre dans une grande salle, assis, seul. La disposition des tables me fait comprendre que plusieurs personnes vont s'asseoir en face de moi. De gros projecteurs sont braqués sur moi, la lumière est intense : je suis prêt pour l'interrogatoire. Plusieurs personnes me font face, en costumes et cravates pour les directeurs, en blouse blanche pour le responsable de production. Je me rends compte très vite de 2 erreurs que j'ai faites avant de venir : ne pas préparer cet entretien et ne pas apprendre les termes techniques en Anglais.

Il est clair que mon niveau d'anglais n'aurait pas pu être amélioré suffisamment en quelques jours pour être adéquat pour un entretien de ce niveau. Mais connaître les termes techniques m'aurait évité de bafouiller et de perdre en assurance. Ce fut frustrant car toutes les questions techniques étaient assez simples, mais mes hésitations pour répondre en anglais m'ont évidemment été fortement dommageables. Ce fut d'autant plus frustrant car la description du poste était de se déplacer en Asie, mais aussi en Europe, pour proposer les services de cette compagnie. Il fallait bien sûr avoir une parfaite connaissance des équipements, des processus de fabrication, des produits, des règles d'hygiène, ce qui était, sans aucune arrogance de ma part, mon point fort.

Cela aurait-il été suffisant pour être efficace dans ce poste ? Je pense qu'il y a d'autres aspects que je ne maîtrisais pas, mais je ne le saurais jamais. Malgré un email de ma part quelques jours après cet entretien pour avoir des nouvelles, je n'ai jamais eu de réponse. Est-ce une déception : oui... et non. Oui, car un échec est difficilement acceptable, une défaite, même méritée, doit faire mal pour nous pousser à nous remettre en cause. Non, car je n'avais pas mis tous les ingrédients pour me donner le maximum de chances. Je suis arrivé à cet entretien un peu trop "la fleur au fusil", sans réelle préparation. On peut accepter qu'un autre candidat ait plus de compétences et d'expérience, mais pas de ne pas avoir tout fait pour se donner le maximum de chances pour réussir. La chance fait partie du processus de réussite, bien sûr, mais cette chance doit être provoquée, et les seuls qui peuvent le faire, c'est vous.

Développer le maximum de connaissances et d'expertise dans n'importe quel domaine sera un jour la clé qui vous ouvrira des portes.


mardi 16 janvier 2024

Épisode 7 : Mae Sot Juillet 2019


Bangkok, Chiang Mai, Phuket…ces noms ne vous sont sûrement pas inconnus en Thaïlande.

Mais avez-vous déjà entendu parler de Mae Sot ?



Mae Sot est une ville située dans le Nord-Ouest de la Thaïlande, assez loin des circuits touristiques mais qui a la particularité d’être à la frontière avec le Myanmar.

En 2019, un ami, Stéphane, qui est professeur dans une université en Thaïlande, doit se rendre à Mae Sot pendant plusieurs semaines pour s’occuper d’un groupe d’étudiants dans le cadre d’un programme, notamment avec une immersion sur le terrain.

Il me parle de cette ville, de la beauté de cette région méconnue aux portes du Myanmar.

J’aime découvrir de nouveaux paysages mais surtout, aller au contact de la population locale et quand Steph me propose de venir quelques jours, je n’hésite pas, on doit juste se coordonner pour que j’arrive quand il aura un peu de disponibilité dans son emploi du temps.

Quelques semaines plus tard, me voilà à l’aéroport de Bangkok Don Meuang, direction Mae Sot.

J’ai pris un vol avec la compagnie Nok Air qui, il me semble, était la seule à assurer la liaison Bangkok-Mae Sot.

En voyant l’avion, je suis surpris de constater que son nez a été peint pour représenter le bec d’un oiseau.

Je trouve ça un peu ‘ folklorique ‘ mais pas du tout : "Nok (นก) en thaï signifie oiseau."

Et me voilà à marcher sur le tarmac de l’aéroport pour embarquer dans ce petit avion avec le nez peint d’une manière très originale…l’aventure commence


Le vol se passe bien et comme j’ai la chance d’être près d’un hublot, je peux observer quand l’avion est en approche de l’aéroport, une région montagneuse et verdoyante…génial










A l’arrivée, Steph est venu m’accueillir, je pense qu’on va se déplacer en transport local mais pas du tout, on se dirige vers un parking où je vois son scooter qui a clairement quelques années au compteur et sûrement des milliers de kilomètres d’utilisation : pas de problème, quand il tombera en panne, on pourra se relayer pour le pousser.

Ps : Steph a eu du mal à trouver un scooter à louer pour son séjour, celui-là, qui était disponible, fait figure de graal, un cadeau tombé du ciel.











Et nos voilà partis sillonner les routes de Mae Sot, direction la frontière avec le Myanmar située non loin de l’aéroport.

A cet endroit, la Thaïlande et le Myanmar ne sont séparés que par une rivière et un pont permet le passage d’un pays à l’autre.

Quand je suis au bord de cette rivière, je regarde de l’autre côté et je me dis que c’est le Myanmar.











Ce n’est finalement pas souvent que l’on peut se retrouver à la frontière entre deux pays et je me dis qu’à quelques mètres de moi, la culture change, le langage change, les conditions et habitudes de vie changent : c’est toujours un moment spécial et émouvant pour moi.

En se baladant le long de la rivière, apparait un panneau qui indique : The Moei River The Westernmostpoint

 On se trouve au point le plus à l’Ouest de la Thaïlande.

Voyager c’est ça pour moi, c’est la surprise, la découverte, l’émerveillement et la découverte des autres…je vais être servi pendant ce trip.

Retour dans le centre de Mae Sot après une première découverte de cette partie de la Thaïlande qui m’était totalement inconnue.








Sans aucun doute, d’autres moments forts m'attendent dans les prochains jours.

Le jour suivant, on part explorer la région de Mae Sot et ses magnifiques paysages.

Steph me propose d’aller voir une grotte mais il faut escalader une petite montagne : pas long me dit-il, environ 10 min de marche…il me semble qu’il nous a fallu 45 minutes à travers la forêt, des chemins escarpés pour arriver à cette grotte.

Mais que de plaisir tout au long de cette escalade, arrêt à une chute d’eau, des vues sur la vallée à couper le souffle, un pont en bois sur lequel il faut faire attention où on met le pied pour éviter de tomber dans la rivière.

On veut souvent tout, tout de suite, sans effort mais ce n’est pas toujours le cas et c’est tant mieux : la récompense après l’effort a encore plus de valeur. Une fois arrivé au sommet, on ressent un bien-être nous envahir.

Toutes les petites difficultés rencontrées durant l’ascension nous paraissent insignifiantes devant ce spectacle que nous offre la nature.



De retour dans la vallée, on fait quelques stops devant des rizières entourées de montagnes qui nous offrent une fois de plus, un spectacle que seule la nature à l’état pur peut nous offrir.

On voit aussi des champs, de petites maisons où logent ceux et celles qui travaillent pour nous permettre d’avoir du riz ou autres aliments dans notre assiette.

Ce retour à la terre nous permet de mesurer la chance que nous avons au quotidien de bénéficier du dur labeur de toutes ces personnes mais tous, moi y compris, avons tendance à l’oublier.

Encore une belle journée qui s’achève.







Dans le cadre de son programme d’immersion avec la population locale avec ses étudiants, Steph a rencontré plusieurs communautés Karen, originaires du Myanmar (Ex Birmanie).

Il me demande si je suis intéressé pour aller dans l’un de ces villages Karen, les rencontrer, découvrir leur mode de vie.

Quelques minutes plus tard, nous voilà en route sur les routes de Mae Sot, à travers un panorama qui défile devant mes yeux pleins de découvertes et je me dis que j’ai de la chance de vivre de tels moments.

Et pourtant…pourtant, je ne suis pas assis dans une voiture de luxe ou dans un mini-van avec la climatisation, la pluie menace de tomber, le ciel s’assombrit et on doit faire un stop pour s’abriter au milieu de nulle part : fausse alerte, quelques gouttes de pluie ne vont pas nous arrêter et nous voilà reparti, direction les montagnes et le village Karen.

Nous voilà arrivés dans ce village dans les montagnes de Mae Sot, des maisons rudimentaires en bois, pas de parking bétonné avec un ‘’ coffee shop ‘’ climatisé, pas de magasin avec pleins de souvenirs à vendre.

Nous sommes accueillis dans une maison par une famille adorable : pas de soucis sur la tenue à avoir, que faire ou ne pas faire, je vis en Thaïlande depuis de nombreuses années et je suis très respectueux des coutumes locales.

J’enlève mes chaussures, j’essaie de dire quelques mots en Thai et de communiquer pour les remercier de cet accueil chaleureux.

J’avais fait un trek dans les montagnes de Chiang Mai et j’avais eu l’occasion de dormir 2 nuits dans des villages et maisons de ce type mais aujourd’hui, je suis accueilli par ces gens, chez eux, juste pour le plaisir de tous partager un moment ensemble.

Et comme je maitrise les us et coutumes, je me permets de me lever, de prendre des photos de l’intérieur, sympa la cuisine au bord d’un ruisseau…










Steph vient vers moi et me murmure discrètement : ‘’ tu es chez ces gens ‘’.

Je le regarde et comprends de suite ce que je suis en train de faire.

‘’ pas de soucis sur la tenue à avoir ‘’, ‘’je maitrise les us et coutumes ‘’ : en fin de compte, je ne suis qu’un abruti qui a fait n’importe quoi.

Je m’en veux de leur avoir manqué de respect, ces gens si adorables qui m’ont reçu chez eux.

Quand on arrive dans ces villages qui sont, pour nous, assez typiques, bucoliques…on oublie que l’on est chez eux.

Sous ces apparences de jolis petits villages au milieu de la montagne, il y a des populations qui ont une histoire souvent difficile. On se dit qu’ils ont de la chance de vivre dans de tels lieux, loin du chaos des grandes villes. Mais peu d’entre nous seraient capables de vivre de cette manière.

Sous leurs sourires, il y a aussi des gens qui ont soufferts, qui ont des problèmes au quotidien mais qui ont choisi d’être positifs, de sourire : quelle leçon de vie.

Apres avoir fait le paparazzi dans leur maison, je m’assois, sur le sol, tout penot et on commence à discuter un peu, Steph parle très bien le Thai ce qui facilite les échanges même si j’essaie un peu de participer à la conversation avec mon Thai très limité.

Je pense que dans mes yeux et mon attitude, ils ont compris que je ne voulais pas leur manquer de respect : on peut tous faire des erreurs, il faut en être conscient et éviter de les reproduire.

Avant de partir, j’hésite à demander mais j’ai vraiment envie de garder un souvenir ce moment de partage.

Les plus beaux paysages au monde ne remplaceront jamais à mes yeux les souvenirs de ces rencontres.

J’en parle à Steph qui me dit : bien sûr, demandes leur…








Je pense que c’est lié mais a chaque fois que je tourne une vidéo pour ma chaine YouTube, si je veux faire un gros plan, je demande toujours si je peux filmer et si je vois de la gêne, si je sens que les gens ne sont pas à l’aise, je ne filme pas.

Le but de ce trip était surtout de découvrir les beautés que la nature nous offre et rencontrer des ethnies Karen mais j’ai aussi eu l’occasion de visiter des temples et de voir des scènes que je n’avais personnellement jamais vu auparavant ; Je ne me lasserai jamais de ces découvertes.

 







                                    Merci à Steph pour ces moments de découvertes



FIN


Ps : Le scooter a tenu le coup, on n’a pas eu à le pousser même quand ça montait, il y a les scooters des villes…et des montagnes



mardi 26 décembre 2023

Épisode 6 : Mandarin Oriental Hôtel à Bangkok









A Bangkok, il y a des milliers d'hôtels, de l’auberge de jeunesse aux hôtels de luxe. Choisir peut-être un casse-tête quand on ne connaît pas bien Bangkok. On recherche souvent le meilleur prix dans un emplacement stratégique et bien sûr, en fonction de son budget. Il y a des mythes qui nous font rêver, de par leur histoire et ce qu’ils représentent.

Qui n’a pas rêvé un jour de faire un voyage dans l’Orient Express par exemple, un mythe.

Malheureusement, le budget étant si important que ces rêves resteront un ‘’ fantasme ‘’ pour beaucoup d’entre nous.

Pour moi, le plus important est la rencontre avec les gens, découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles cultures.

J’avais été voir le festival des éléphants à Surin en Thaïlande avec des amis, mais on n’avait pas réservé d’hôtel, on pensait que l’on trouverait facilement… On avait difficilement trouvé une Guest House délabrée avec une seule chambre disponible pour 4, un très mince filet d’eau sortait de la douche, les draps sales, pas de climatisation… ça ne ferait rêver personne, mais on a pris ça avec le sourire et ce trip à Surin reste un super souvenir. Cela montre que l’hôtel, même si bien sûr c’est important, reste une petite partie du trip, le plus important sont les souvenirs que l’on garde en mémoire.

Imaginer que je puisse passer d’une nuit dans cette Guest House à une nuit dans un des hôtels les plus mythiques de Bangkok, pas vraiment et ça ne me dérange pas.

Lors d’un trek dans les montagnes de Chiang Mai, j’avais dormi 2 nuits dans un village, matelas ultra fins au sol, animaux sous la maison et douche, ou plutôt gros conteneur rempli d’eau avec un seau pour s’arroser… le grand luxe après une journée de marche dans les montagnes de Chiang Mai.

Cela veut-il dire que je sois contre les chambres avec climatisation, décoration raffinée, jacuzzi sur la terrasse avec vue sur la mer ? Non bien sûr, mais ce n’est pas ma priorité, même si comme beaucoup d’entre nous, j’essaie de trouver un bon rapport qualité-prix.

Depuis quelques mois, je travaille pour une agence de voyages à Bangkok, ce qu’on appelle dans le jargon touristique, un réceptif. On est en lien avec différentes agences pour le marché Francophone, on reçoit des demandes de séjours et on doit organiser des voyages en Thaïlande suivant la demande des clients. La concurrence est rude et il faut à la fois proposer des circuits intéressants et bien sûr, avec un bon rapport qualité-prix.

La demande qui nous a été faite concerne un groupe de 15-20 personnes, mais qui ont un budget bien supérieur à ce que l’on a d’habitude, il me semble que c’était un groupe de chirurgiens. Mon boss s’occupe de ce dossier très complexe. Les exigences vont bien sûr avec le budget qu’ils ont et ils veulent les meilleurs hôtels. On leur propose un séjour dans un magnifique hôtel 4 étoiles à Bangkok, mais peu de temps après, l’agent nous contacte et nous dit : ils veulent séjourner au Mandarin Oriental Hôtel.

Même si je ne m’occupe pas de ce dossier, je suis les échanges par email entre mon boss et l’agence à qui ce dossier a été confié. Je ne suis pas un professionnel du tourisme, je débute, mais j’apprends comment traiter ce genre de dossiers complexes en observant mon boss qui a une expérience dont j’essaie de m’inspirer. Quand je vois le nom Mandarin Oriental Hôtel, je fais : waouwwww.

Je connais cet hôtel car lors d’un séjour en Thaïlande avec des amis, on avait été y prendre un verre dans le lounge et le souvenir que l’on avait gardé de ce moment, de la découverte de ce monument de l’hôtellerie à Bangkok restera dans nos souvenirs. Je regarde un peu sur internet des photos et je me rappelle de ce moment hors du temps, je me dis qu’ils ont de la chance de séjourner dans cet hôtel… on est bien loin de la Guest House délabrée de Surin.

Quand on travaille dans le monde du voyage, on passe beaucoup de notre temps derrière l’ordinateur à préparer des séjours qui, nous aussi, nous font rêver. On fait bien sûr des inspections, des recherches sur le terrain, mais même si on a quelques petits moments où on savoure, notre esprit doit être fixé sur le but de notre visite : trouver les meilleurs endroits possibles et répondre du mieux possible à l’attente de nos clients.

Il y a peut-être de temps en temps un peu d’envie, mais jamais de jalousie, à chacun sa place et surtout, quelle joie d’avoir un message de l’agence qui nous dit après le retour des clients qu’ils ont adoré ce séjour : c’est l’essence même de notre travail. C’est bien sûr un business, chaque partie doit gagner sa vie, mais la satisfaction d’avoir donné du bonheur aux gens est inexplicable, c’est en tout cas ce qui vous fait oublier les moments difficiles, parfois, derrière votre ordinateur.

J’étais parti faire un trip d’inspection avec un groupe dans le Nord de la Thaïlande, des prestations plus modestes si on compare au groupe qui séjournera au Mandarin Oriental Hôtel, mais toujours de qualité, dans la bonne humeur et avec des échanges humains très sympas. Un échange m’a marqué lors de ce séjour. Je discute avec une dame dans le bus et tout à coup elle me regarde et me dit : ‘’ vous vous rendez compte, je suis une simple femme de ménage et je suis là, en Thaïlande, à découvrir ce magnifique pays. ‘’ J’en ai eu les larmes aux yeux, je ne savais pas quoi répondre, je ne m’attendais pas à cette phrase. Après quelques secondes, je lui ai répondu qu’être femme de ménage ou tous ces métiers qui ne sont pas assez reconnus et même dénigrés, ne voulaient pas dire ne pas avoir droit à vivre des moments comme ça. Elle n’a pas compris pourquoi je lui ai dit merci… Elle venait de me faire le plus beau cadeau humain qu’un agent de voyage puisse recevoir, contribuer même si je n’étais qu’une partie infime de la chaîne, à sa venue en Thaïlande : donner du bonheur aux gens.

Merci, Madame.

Notre groupe de chirurgiens a réservé son séjour ; ils seront logés au Mandarin Oriental Hôtel. De souvenir, ils ont réservé 10 chambres pour plusieurs jours, du coup l’hôtel a pu faire un prix spécial. Quelques jours avant leur arrivée, un couple se désiste, pas de remboursement possible, mais la chambre reste disponible. Quel dommage de perdre cette chambre… quoi que !

Mon boss me demande si je veux utiliser cette chambre pour une nuit… j’hésite un peu, ça me paraît irréel. Mais je reprends très vite mes esprits, je vais me sacrifier pour que cette nuitée ne soit pas perdue.

Quelques jours plus tard, après ma journée au bureau, retour chez moi pour prendre quelques affaires, costume, cravate et direction l’hôtel.

PS : non, je n’ai pas pris de costume/cravate, mais tenue correcte quand même pour être à l’aise dans cet environnement qui ne m’est pas familier.

Check-in fait, je vais me faire plaisir au lounge et je commande un cocktail,








 

j’irai manger à l’extérieur dans un de ces petits restaurants que j’apprécie au quotidien. Malgré tout, en me promenant pour découvrir l’hôtel, je vois un restaurant, ambiance feutrée le long du fleuve qui traverse Bangkok, le Chao Phraya.

Je regarde la carte et je m’attends à des prix exorbitants, mais finalement non, les prix sont certes élevés, mais pas inaccessibles. Je m’installe à une table face au fleuve et savoure un verre de vin pour accompagner un Hachis Parmentier au Canard… un moment hors du temps.

 








La chambre est magnifique, vue sur le fleuve et de nuit, c’est juste magnifique. 



















Lever tôt pour le petit déjeuner, toujours le long du fleuve, le buffet est juste gargantuesque et propose à la fois des plats style American Breakfast, mais aussi plus traditionnels style croissant, jus d’orange frais, café… je vous laisse deviner vers quel style de petit déjeuner je me suis dirigé. Il y avait même du champagne… restons sérieux, pas au petit déjeuner.

Check-out et mon chauffeur arrive dans quelques minutes…

J’ai oublié que je n’avais pas de chauffeur et donc direction le métro le plus proche… en tuk-tuk pour finir sur une bonne note. Retour au bureau pour préparer des trips, répondre aux demandes des clients… avec des étoiles pleins les yeux. Ça n’a rien changé à mon mode de vie, dès le midi, je suis allé manger du Street Food avec le même plaisir que le jour précédent… mais quelle expérience.

mardi 24 octobre 2023

Épisode 5 : Coupe du monde de football en salle

Ah, le football…










Peut-on dire que le football a influencé ma vie ? Sans hésiter, oui, ceux qui me connaissent le savent très bien. Pourtant, tout a commencé à un jeune âge par la natation. Comment me suis-je retrouvé dans une piscine à faire des longueurs quand j’avais 6 ou 7 ans ? Aucune idée, probablement ma maman qui souhaitait que je pratique un sport qui me tienne éloigné de la cité HLM où nous habitions… peut-être. Mes souvenirs de cette période de transition entre la natation et le football (il y a environ 50 ans) sont vagues, mais je ne suis pas resté plus d’un an dans les bassins. Ma jeunesse, mon adolescence se sont déroulées avec un ballon de football entre les pieds.

Les débuts se sont faits dans la rue, sur des terrains vagues, le long d'un immeuble où nous avions aménagé 2 buts pour jouer des matchs. Quelques appartements de cet immeuble ont perdu leurs vitres suite à nos tirs mal maîtrisés.

Voyant ma passion, un copain avec qui nous partagions ces matchs endiablés m'a proposé de participer à un entraînement dans le club local. L'essai a été concluant, et j'ai signé ma première licence de football, dans la catégorie ''Poussin''. Cette passion m'a poursuivi même des années plus tard, à des milliers de kilomètres de ma ville natale, Nancy. J'ai progressé au fil des catégories de jeunes, passant de Pupille à Minime. Le football est devenu mon essence, le fil conducteur de ma vie, même si je suis resté sérieux dans mes études. Tous ces efforts à la fois sur le terrain et à l'école allaient-ils finir par payer ? J'ai présenté ma candidature pour intégrer le sport-études football au collège Georges de la Tour à Nancy. Mon dossier scolaire a été accepté, et le test de sélection pour le football s'est avéré concluant. Ma prochaine rentrée scolaire se ferait avec des cours le matin et des entraînements l'après-midi sur le terrain.

La période faste continuait, et l'entraîneur du club local où je jouais m'a proposé de participer aux sélections pour être Minime de Lorraine. La première année au sport-études a été difficile. Le niveau était élevé, je m'entraînais avec des gars qui jouaient dans les catégories jeunes de clubs professionnels, mais je m'accrochais. Les premières sélections pour être Minime de Lorraine se sont bien passées, et j'ai été sélectionné pour le dernier test. Deux ans plus tard… La deuxième année de sport-études a bien commencé. Je me sentais à l'aise, je progressais et soudain... Début janvier, il a neigé et le sol était verglacé à Nancy. Je suis sorti du collège pour prendre mon bus, et en un instant, je me suis retrouvé au sol. J'ai voulu me relever, mais je n'y suis pas arrivé : mon pied gauche était complètement désaxé par rapport à ma jambe. J'ai été opéré 15 heures plus tard. Les urgences traumatologiques étaient débordées, le verglas en ce jour de Janvier avait causé d’énormes dégâts. Verdict : décollement épiphysaire de l'extrémité inférieure du tibia gauche. On oublie, les souvenirs peuvent être vagues, mais je n’ai jamais oublié ce terme ''barbare''. Après une dizaine de tests de sélection pour devenir Minime de Lorraine, vint le dernier test, le jour de vérité. Le temps était maussade, il pleuvait légèrement, et nous nous retrouvions tous sur un stade dans la banlieue de Nancy. Les tests techniques commençaient : 50 jonglages du pied gauche, d'habitude une formalité, mais j'ai échoué, et tout s'est enchaîné de la même manière. Quelques années plus tard, mon entraîneur, qui avait conservé les résultats des tests, m'a demandé : qu'est-ce qui s'est passé ce jour-là ? Peut-être le trac, le manque de préparation, un excès de confiance, je ne sais pas. Je n'atteindrais jamais le niveau que j'espérais, mais la passion restait, même quand j'ai déménagé avec ma maman et mon frère à Nice. J'ai découvert le foot à 7, nous avions une super équipe, les matchs se jouaient le vendredi soir. Tous mes week-ends étaient réservés au football depuis tant d’années. Aller dans de grands stades a été à la fois un moment de bonheur... mais aussi de regrets. Le stade Marcel Picot à Nancy, où un certain Michel Platini a fait ses débuts à peine quelques années plus tôt. Le stade du Ray à Nice, un vrai stade de football, sans piste d'athlétisme. On sentait l'odeur du gazon derrière les buts dans la fameuse Brigade Sud, la passion des gens du Sud. Le Stade de France à Paris, où je suis allé voir la finale de la coupe de France après un long voyage en train depuis Nice. Ce stade où quelques années plus tôt, tout le peuple Français a soulevé la coupe du monde en même temps que Didier Deschamps… et 1 et 2 et 3 zéros. J'allais oublier, cette finale de coupe de France opposait Nancy à Nice. Le destin vous rattrape parfois. Septembre 2004, je pars en vacances au Brésil, atterrissage tôt le matin à Rio, j’espère pouvoir aller voir un match au mythique stade de Maracanã, mais peu de chances, je ne reste à Rio que 2 jours. Check-in à l’hôtel et je vois une petite pancarte sur le comptoir de l’hôtel, ils vendent des billets pour le derby Flamengo-Fluminense : incroyable… et le match a lieu l’après-midi même. Je ne connais pas du tout Rio, mais me voilà parti en bus local, direction le Maracanã, j'achèterai les billets sur place. Après près de 12 heures de vol, une arrivée matinale à Rio que je découvre pour la première fois, je me retrouve quelques heures plus tard assis dans les gradins du stade que n’importe quel footballeur rêve un jour de découvrir. Le rêve d’un gamin de la banlieue de Nancy se réalise.

Tout cela est intéressant, mais quel est le lien avec la Thaïlande et une coupe du monde de football en salle ? Lorsque j'arrive en Thaïlande, j'ai la chance de rencontrer un couple de Thaïlandais dont le mari est non seulement passionné de football, mais en plus, il joue régulièrement avec une équipe de foot à 7 sur des terrains en synthétique. Me voilà de retour sur un terrain de football à Bangkok, avec une équipe Thaïlandaise, contre d'autres équipes Thaïlandaises. La communication est difficile, mais je suis accepté. L'ambiance est sympa, mon niveau n'est plus le même, mais j'ai conservé quelques restes et une condition physique acceptable. Je jouerai aussi quelques matches avec l'entreprise où je travaillais, ainsi qu'avec des amis qui m'ont demandé de faire quelques piges avec leur équipe. 









Au cours de l'année 2012, je lis un article parlant d'une coupe du monde de football en salle en 2012. Impossible, me dis-je, la dernière coupe du monde a eu lieu en 2010 en Afrique du Sud et la prochaine aura lieu en 2014 au Brésil. Mais je réalise rapidement qu'il s'agit de la coupe du monde de football en salle qui aura lieu… à Bangkok. J'arrive à obtenir une place pour les demi-finales : Italie contre Espagne et Brésil contre Colombie. 























Je ne connais pas très bien le lieu où auront lieu ces matchs, mais je recherche sur Internet comment m'y rendre. Et me voilà dans l’aéroport Link jusqu'à la station d'Hua Mak. De là, je pourrai me rendre au stade à pied. Quelle erreur ! Le stade est beaucoup trop éloigné, et il est hors de question de prendre un taxi-moto. Il faut s'y rendre par une grande artère, et j'ai vu trop d'accidents depuis que je suis en Thaïlande. Je prends régulièrement des taxis-motos, mais uniquement dans les petites rues sans trop de trafic. Quelques minutes plus tard, je me retrouve sur un taxi-moto au milieu de la circulation dense de Bangkok. Des voitures passent à quelques mètres de nous, et le chauffeur pousse sa machine au maximum. Je me demande : qu'est-ce que je fais là ? Quand on rêve de quelque chose, il faut parfois savoir oublier ses peurs et ses appréhensions. Mais ça valait le coup. J'ai assisté à une coupe du monde, vu des matchs de haut niveau et surtout, quelle ambiance entre toutes ces nationalités, à l'extérieur et à l'intérieur du stade. J'ai même rencontré un groupe de supporters Brésiliens avec lesquels j'ai testé ce qu'il me restait de Portugais… je ne sais pas s'ils m'ont compris, mais l'ambiance était super sympa et festive. Après tant d'émotions, je ne vais pas renouveler la balade en taxi-moto pour rentrer. Je cherche un taxi, mais impossible d'en trouver un, trop de monde est sorti du stade en même temps. Je vois alors un bus passer, je ne sais pas où il va, mais je monte à bord. Dès que je vois des taxis libres circulant sur la route, je descends du bus et saute dans un taxi pour rentrer chez moi. Quelle journée, quelle expérience. J'ai assisté à une coupe du monde de football.