mardi 26 décembre 2023

Épisode 6 : Mandarin Oriental Hôtel à Bangkok









A Bangkok, il y a des milliers d'hôtels, de l’auberge de jeunesse aux hôtels de luxe. Choisir peut-être un casse-tête quand on ne connaît pas bien Bangkok. On recherche souvent le meilleur prix dans un emplacement stratégique et bien sûr, en fonction de son budget. Il y a des mythes qui nous font rêver, de par leur histoire et ce qu’ils représentent.

Qui n’a pas rêvé un jour de faire un voyage dans l’Orient Express par exemple, un mythe.

Malheureusement, le budget étant si important que ces rêves resteront un ‘’ fantasme ‘’ pour beaucoup d’entre nous.

Pour moi, le plus important est la rencontre avec les gens, découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles cultures.

J’avais été voir le festival des éléphants à Surin en Thaïlande avec des amis, mais on n’avait pas réservé d’hôtel, on pensait que l’on trouverait facilement… On avait difficilement trouvé une Guest House délabrée avec une seule chambre disponible pour 4, un très mince filet d’eau sortait de la douche, les draps sales, pas de climatisation… ça ne ferait rêver personne, mais on a pris ça avec le sourire et ce trip à Surin reste un super souvenir. Cela montre que l’hôtel, même si bien sûr c’est important, reste une petite partie du trip, le plus important sont les souvenirs que l’on garde en mémoire.

Imaginer que je puisse passer d’une nuit dans cette Guest House à une nuit dans un des hôtels les plus mythiques de Bangkok, pas vraiment et ça ne me dérange pas.

Lors d’un trek dans les montagnes de Chiang Mai, j’avais dormi 2 nuits dans un village, matelas ultra fins au sol, animaux sous la maison et douche, ou plutôt gros conteneur rempli d’eau avec un seau pour s’arroser… le grand luxe après une journée de marche dans les montagnes de Chiang Mai.

Cela veut-il dire que je sois contre les chambres avec climatisation, décoration raffinée, jacuzzi sur la terrasse avec vue sur la mer ? Non bien sûr, mais ce n’est pas ma priorité, même si comme beaucoup d’entre nous, j’essaie de trouver un bon rapport qualité-prix.

Depuis quelques mois, je travaille pour une agence de voyages à Bangkok, ce qu’on appelle dans le jargon touristique, un réceptif. On est en lien avec différentes agences pour le marché Francophone, on reçoit des demandes de séjours et on doit organiser des voyages en Thaïlande suivant la demande des clients. La concurrence est rude et il faut à la fois proposer des circuits intéressants et bien sûr, avec un bon rapport qualité-prix.

La demande qui nous a été faite concerne un groupe de 15-20 personnes, mais qui ont un budget bien supérieur à ce que l’on a d’habitude, il me semble que c’était un groupe de chirurgiens. Mon boss s’occupe de ce dossier très complexe. Les exigences vont bien sûr avec le budget qu’ils ont et ils veulent les meilleurs hôtels. On leur propose un séjour dans un magnifique hôtel 4 étoiles à Bangkok, mais peu de temps après, l’agent nous contacte et nous dit : ils veulent séjourner au Mandarin Oriental Hôtel.

Même si je ne m’occupe pas de ce dossier, je suis les échanges par email entre mon boss et l’agence à qui ce dossier a été confié. Je ne suis pas un professionnel du tourisme, je débute, mais j’apprends comment traiter ce genre de dossiers complexes en observant mon boss qui a une expérience dont j’essaie de m’inspirer. Quand je vois le nom Mandarin Oriental Hôtel, je fais : waouwwww.

Je connais cet hôtel car lors d’un séjour en Thaïlande avec des amis, on avait été y prendre un verre dans le lounge et le souvenir que l’on avait gardé de ce moment, de la découverte de ce monument de l’hôtellerie à Bangkok restera dans nos souvenirs. Je regarde un peu sur internet des photos et je me rappelle de ce moment hors du temps, je me dis qu’ils ont de la chance de séjourner dans cet hôtel… on est bien loin de la Guest House délabrée de Surin.

Quand on travaille dans le monde du voyage, on passe beaucoup de notre temps derrière l’ordinateur à préparer des séjours qui, nous aussi, nous font rêver. On fait bien sûr des inspections, des recherches sur le terrain, mais même si on a quelques petits moments où on savoure, notre esprit doit être fixé sur le but de notre visite : trouver les meilleurs endroits possibles et répondre du mieux possible à l’attente de nos clients.

Il y a peut-être de temps en temps un peu d’envie, mais jamais de jalousie, à chacun sa place et surtout, quelle joie d’avoir un message de l’agence qui nous dit après le retour des clients qu’ils ont adoré ce séjour : c’est l’essence même de notre travail. C’est bien sûr un business, chaque partie doit gagner sa vie, mais la satisfaction d’avoir donné du bonheur aux gens est inexplicable, c’est en tout cas ce qui vous fait oublier les moments difficiles, parfois, derrière votre ordinateur.

J’étais parti faire un trip d’inspection avec un groupe dans le Nord de la Thaïlande, des prestations plus modestes si on compare au groupe qui séjournera au Mandarin Oriental Hôtel, mais toujours de qualité, dans la bonne humeur et avec des échanges humains très sympas. Un échange m’a marqué lors de ce séjour. Je discute avec une dame dans le bus et tout à coup elle me regarde et me dit : ‘’ vous vous rendez compte, je suis une simple femme de ménage et je suis là, en Thaïlande, à découvrir ce magnifique pays. ‘’ J’en ai eu les larmes aux yeux, je ne savais pas quoi répondre, je ne m’attendais pas à cette phrase. Après quelques secondes, je lui ai répondu qu’être femme de ménage ou tous ces métiers qui ne sont pas assez reconnus et même dénigrés, ne voulaient pas dire ne pas avoir droit à vivre des moments comme ça. Elle n’a pas compris pourquoi je lui ai dit merci… Elle venait de me faire le plus beau cadeau humain qu’un agent de voyage puisse recevoir, contribuer même si je n’étais qu’une partie infime de la chaîne, à sa venue en Thaïlande : donner du bonheur aux gens.

Merci, Madame.

Notre groupe de chirurgiens a réservé son séjour ; ils seront logés au Mandarin Oriental Hôtel. De souvenir, ils ont réservé 10 chambres pour plusieurs jours, du coup l’hôtel a pu faire un prix spécial. Quelques jours avant leur arrivée, un couple se désiste, pas de remboursement possible, mais la chambre reste disponible. Quel dommage de perdre cette chambre… quoi que !

Mon boss me demande si je veux utiliser cette chambre pour une nuit… j’hésite un peu, ça me paraît irréel. Mais je reprends très vite mes esprits, je vais me sacrifier pour que cette nuitée ne soit pas perdue.

Quelques jours plus tard, après ma journée au bureau, retour chez moi pour prendre quelques affaires, costume, cravate et direction l’hôtel.

PS : non, je n’ai pas pris de costume/cravate, mais tenue correcte quand même pour être à l’aise dans cet environnement qui ne m’est pas familier.

Check-in fait, je vais me faire plaisir au lounge et je commande un cocktail,








 

j’irai manger à l’extérieur dans un de ces petits restaurants que j’apprécie au quotidien. Malgré tout, en me promenant pour découvrir l’hôtel, je vois un restaurant, ambiance feutrée le long du fleuve qui traverse Bangkok, le Chao Phraya.

Je regarde la carte et je m’attends à des prix exorbitants, mais finalement non, les prix sont certes élevés, mais pas inaccessibles. Je m’installe à une table face au fleuve et savoure un verre de vin pour accompagner un Hachis Parmentier au Canard… un moment hors du temps.

 








La chambre est magnifique, vue sur le fleuve et de nuit, c’est juste magnifique. 



















Lever tôt pour le petit déjeuner, toujours le long du fleuve, le buffet est juste gargantuesque et propose à la fois des plats style American Breakfast, mais aussi plus traditionnels style croissant, jus d’orange frais, café… je vous laisse deviner vers quel style de petit déjeuner je me suis dirigé. Il y avait même du champagne… restons sérieux, pas au petit déjeuner.

Check-out et mon chauffeur arrive dans quelques minutes…

J’ai oublié que je n’avais pas de chauffeur et donc direction le métro le plus proche… en tuk-tuk pour finir sur une bonne note. Retour au bureau pour préparer des trips, répondre aux demandes des clients… avec des étoiles pleins les yeux. Ça n’a rien changé à mon mode de vie, dès le midi, je suis allé manger du Street Food avec le même plaisir que le jour précédent… mais quelle expérience.

mardi 24 octobre 2023

Épisode 5 : Coupe du monde de football en salle

Ah, le football…










Peut-on dire que le football a influencé ma vie ? Sans hésiter, oui, ceux qui me connaissent le savent très bien. Pourtant, tout a commencé à un jeune âge par la natation. Comment me suis-je retrouvé dans une piscine à faire des longueurs quand j’avais 6 ou 7 ans ? Aucune idée, probablement ma maman qui souhaitait que je pratique un sport qui me tienne éloigné de la cité HLM où nous habitions… peut-être. Mes souvenirs de cette période de transition entre la natation et le football (il y a environ 50 ans) sont vagues, mais je ne suis pas resté plus d’un an dans les bassins. Ma jeunesse, mon adolescence se sont déroulées avec un ballon de football entre les pieds.

Les débuts se sont faits dans la rue, sur des terrains vagues, le long d'un immeuble où nous avions aménagé 2 buts pour jouer des matchs. Quelques appartements de cet immeuble ont perdu leurs vitres suite à nos tirs mal maîtrisés.

Voyant ma passion, un copain avec qui nous partagions ces matchs endiablés m'a proposé de participer à un entraînement dans le club local. L'essai a été concluant, et j'ai signé ma première licence de football, dans la catégorie ''Poussin''. Cette passion m'a poursuivi même des années plus tard, à des milliers de kilomètres de ma ville natale, Nancy. J'ai progressé au fil des catégories de jeunes, passant de Pupille à Minime. Le football est devenu mon essence, le fil conducteur de ma vie, même si je suis resté sérieux dans mes études. Tous ces efforts à la fois sur le terrain et à l'école allaient-ils finir par payer ? J'ai présenté ma candidature pour intégrer le sport-études football au collège Georges de la Tour à Nancy. Mon dossier scolaire a été accepté, et le test de sélection pour le football s'est avéré concluant. Ma prochaine rentrée scolaire se ferait avec des cours le matin et des entraînements l'après-midi sur le terrain.

La période faste continuait, et l'entraîneur du club local où je jouais m'a proposé de participer aux sélections pour être Minime de Lorraine. La première année au sport-études a été difficile. Le niveau était élevé, je m'entraînais avec des gars qui jouaient dans les catégories jeunes de clubs professionnels, mais je m'accrochais. Les premières sélections pour être Minime de Lorraine se sont bien passées, et j'ai été sélectionné pour le dernier test. Deux ans plus tard… La deuxième année de sport-études a bien commencé. Je me sentais à l'aise, je progressais et soudain... Début janvier, il a neigé et le sol était verglacé à Nancy. Je suis sorti du collège pour prendre mon bus, et en un instant, je me suis retrouvé au sol. J'ai voulu me relever, mais je n'y suis pas arrivé : mon pied gauche était complètement désaxé par rapport à ma jambe. J'ai été opéré 15 heures plus tard. Les urgences traumatologiques étaient débordées, le verglas en ce jour de Janvier avait causé d’énormes dégâts. Verdict : décollement épiphysaire de l'extrémité inférieure du tibia gauche. On oublie, les souvenirs peuvent être vagues, mais je n’ai jamais oublié ce terme ''barbare''. Après une dizaine de tests de sélection pour devenir Minime de Lorraine, vint le dernier test, le jour de vérité. Le temps était maussade, il pleuvait légèrement, et nous nous retrouvions tous sur un stade dans la banlieue de Nancy. Les tests techniques commençaient : 50 jonglages du pied gauche, d'habitude une formalité, mais j'ai échoué, et tout s'est enchaîné de la même manière. Quelques années plus tard, mon entraîneur, qui avait conservé les résultats des tests, m'a demandé : qu'est-ce qui s'est passé ce jour-là ? Peut-être le trac, le manque de préparation, un excès de confiance, je ne sais pas. Je n'atteindrais jamais le niveau que j'espérais, mais la passion restait, même quand j'ai déménagé avec ma maman et mon frère à Nice. J'ai découvert le foot à 7, nous avions une super équipe, les matchs se jouaient le vendredi soir. Tous mes week-ends étaient réservés au football depuis tant d’années. Aller dans de grands stades a été à la fois un moment de bonheur... mais aussi de regrets. Le stade Marcel Picot à Nancy, où un certain Michel Platini a fait ses débuts à peine quelques années plus tôt. Le stade du Ray à Nice, un vrai stade de football, sans piste d'athlétisme. On sentait l'odeur du gazon derrière les buts dans la fameuse Brigade Sud, la passion des gens du Sud. Le Stade de France à Paris, où je suis allé voir la finale de la coupe de France après un long voyage en train depuis Nice. Ce stade où quelques années plus tôt, tout le peuple Français a soulevé la coupe du monde en même temps que Didier Deschamps… et 1 et 2 et 3 zéros. J'allais oublier, cette finale de coupe de France opposait Nancy à Nice. Le destin vous rattrape parfois. Septembre 2004, je pars en vacances au Brésil, atterrissage tôt le matin à Rio, j’espère pouvoir aller voir un match au mythique stade de Maracanã, mais peu de chances, je ne reste à Rio que 2 jours. Check-in à l’hôtel et je vois une petite pancarte sur le comptoir de l’hôtel, ils vendent des billets pour le derby Flamengo-Fluminense : incroyable… et le match a lieu l’après-midi même. Je ne connais pas du tout Rio, mais me voilà parti en bus local, direction le Maracanã, j'achèterai les billets sur place. Après près de 12 heures de vol, une arrivée matinale à Rio que je découvre pour la première fois, je me retrouve quelques heures plus tard assis dans les gradins du stade que n’importe quel footballeur rêve un jour de découvrir. Le rêve d’un gamin de la banlieue de Nancy se réalise.

Tout cela est intéressant, mais quel est le lien avec la Thaïlande et une coupe du monde de football en salle ? Lorsque j'arrive en Thaïlande, j'ai la chance de rencontrer un couple de Thaïlandais dont le mari est non seulement passionné de football, mais en plus, il joue régulièrement avec une équipe de foot à 7 sur des terrains en synthétique. Me voilà de retour sur un terrain de football à Bangkok, avec une équipe Thaïlandaise, contre d'autres équipes Thaïlandaises. La communication est difficile, mais je suis accepté. L'ambiance est sympa, mon niveau n'est plus le même, mais j'ai conservé quelques restes et une condition physique acceptable. Je jouerai aussi quelques matches avec l'entreprise où je travaillais, ainsi qu'avec des amis qui m'ont demandé de faire quelques piges avec leur équipe. 









Au cours de l'année 2012, je lis un article parlant d'une coupe du monde de football en salle en 2012. Impossible, me dis-je, la dernière coupe du monde a eu lieu en 2010 en Afrique du Sud et la prochaine aura lieu en 2014 au Brésil. Mais je réalise rapidement qu'il s'agit de la coupe du monde de football en salle qui aura lieu… à Bangkok. J'arrive à obtenir une place pour les demi-finales : Italie contre Espagne et Brésil contre Colombie. 























Je ne connais pas très bien le lieu où auront lieu ces matchs, mais je recherche sur Internet comment m'y rendre. Et me voilà dans l’aéroport Link jusqu'à la station d'Hua Mak. De là, je pourrai me rendre au stade à pied. Quelle erreur ! Le stade est beaucoup trop éloigné, et il est hors de question de prendre un taxi-moto. Il faut s'y rendre par une grande artère, et j'ai vu trop d'accidents depuis que je suis en Thaïlande. Je prends régulièrement des taxis-motos, mais uniquement dans les petites rues sans trop de trafic. Quelques minutes plus tard, je me retrouve sur un taxi-moto au milieu de la circulation dense de Bangkok. Des voitures passent à quelques mètres de nous, et le chauffeur pousse sa machine au maximum. Je me demande : qu'est-ce que je fais là ? Quand on rêve de quelque chose, il faut parfois savoir oublier ses peurs et ses appréhensions. Mais ça valait le coup. J'ai assisté à une coupe du monde, vu des matchs de haut niveau et surtout, quelle ambiance entre toutes ces nationalités, à l'extérieur et à l'intérieur du stade. J'ai même rencontré un groupe de supporters Brésiliens avec lesquels j'ai testé ce qu'il me restait de Portugais… je ne sais pas s'ils m'ont compris, mais l'ambiance était super sympa et festive. Après tant d'émotions, je ne vais pas renouveler la balade en taxi-moto pour rentrer. Je cherche un taxi, mais impossible d'en trouver un, trop de monde est sorti du stade en même temps. Je vois alors un bus passer, je ne sais pas où il va, mais je monte à bord. Dès que je vois des taxis libres circulant sur la route, je descends du bus et saute dans un taxi pour rentrer chez moi. Quelle journée, quelle expérience. J'ai assisté à une coupe du monde de football.





 

mardi 19 septembre 2023

Épisode 4 : Mon installation en Thaïlande















Pour bon nombre d'entre nous, partir à l'étranger pour s'installer est une vraie envie mais aussi un saut dans l’inconnu. 

Lorsqu'on revient d'un endroit qui nous a charmés, on aurait souhaité y demeurer plus longtemps, profiter chaque jour de ces plages, montagnes, hôtels... C'est le paradis, la vie aisée, et l'on désire que cela perdure, que cela ne s'achève jamais. Malheureusement, il existe toujours une différence entre quelques semaines de vacances, où le maître-mot est "pas de soucis, que du plaisir", et l'établissement sur la durée. Le budget n'est pas le même, l'exaltation s'amenuise, le regard perd de son éclat, et une routine peut s'installer. Les défis relatifs au visa peuvent surgir à long terme, la communication peut se heurter à la barrière de la langue, l'assimilation d'une culture, le respect des coutumes locales, la compréhension du système de santé, la nostalgie de son pays, de sa famille et de ses amis, ainsi que les conditions climatiques... Il existe un monde de différences entre quelques semaines de vacances et la vie dans un nouveau pays.

Est-ce là signe de renoncement ? Bien sûr que non, au contraire. Cependant, il faut être conscient et surtout prêt à accepter certaines contraintes. L'adaptation sera nécessaire, mais ces efforts resteront minimes en comparaison de ce que cela nous apportera en tant qu'êtres humains. Mon inscription dans une école pour apprendre le Thaï a non seulement été bénéfique pour m'initier à  l'apprentissage de la langue, mais aussi pour rencontrer des gens. J'ai eu la chance de côtoyer des gars sympas, dont certains avec lesquels je suis toujours en contact.

J'ai trouvé mon premier appartement grâce à un copain fréquentant cette école. Je n'y suis pas resté longtemps, car il était trop éloigné du métro que j'utilise pratiquement tous les jours. Néanmoins, cela m'a permis de m'installer et d'avoir davantage de temps pour chercher sur place, sans stress.

Une autre voie pour s'intégrer est bien évidemment le monde professionnel. Selon votre statut et votre budget, cela peut être une option ou une obligation. Trouver un emploi en Thaïlande n'est pas facile, les règles sont strictes, certains métiers sont réservés aux locaux, mais c'est possible, bien sûr. Il n'y a pas de recette miracle, seulement beaucoup de patience, de volonté et d'essais de toutes les possibilités. Il ne faut jamais se dire que cela ne servira à rien. Je pourrais citer par exemple : Gavroche Thaïlande, Le Petit Journal Edition Bangkok, la Chambre de commerce Franco-Thai, LinkedIn, et bien sûr, l'envoi de CV.

J'avais cessé de consulter les annonces sur Gavroche Thaïlande, mais pour une raison dont je ne me rappelle plus, j'ai décidé de les revoir après plus de 6 mois. Une annonce anodine à laquelle j'ai répondu s'est révélée être un tournant dans ma vie en Thaïlande. Les rencontres organisées par les chambres de commerce ou d'autres organisations sont aussi une option. J'y ai participé plusieurs fois, mais j'ai vite déchanté. En tout cas, pour moi, ce fut un échec. Lorsque je discutais avec quelqu'un et que je lui disais que je cherchais un emploi, la réponse était souvent : "Ah, d'accord, bonne recherche", et la personne disparaissait. Je comprends que les gens sont là pour établir des contacts dans le cadre de leur activité, mais discuter quelques minutes ne coûte rien et peut permettre de découvrir une personne intéressante, ayant des choses à partager. Cette même personne pourrait être celle qui vous tendra la main lorsque vous en aurez besoin. N'oubliez jamais l'aspect humain, quel que soit votre objectif.

Certains créent leur propre entreprise et réussissent à s'implanter solidement. Je tire mon chapeau à ces personnes, car on ne voit souvent que la partie visible de l'iceberg, le succès, mais on oublie les investissements, les prises de risques, le stress qui peut durer des mois, ainsi que la nécessité de persévérer dans le temps. La concurrence n'est jamais loin. Un autre moyen de s'intégrer est de rejoindre des associations ou des clubs sportifs. En fin de compte, cela ne diffère guère de n'importe quel pays du monde : si vous souhaitez rencontrer des gens et élargir vos horizons, il faut aller vers les autres. J'avais fait partie de clubs de football et d'associations de course à pied en France. J'ai naturellement repris ces activités en Thaïlande, et une fois de plus, j'ai eu la chance de faire la connaissance de personnes qui font toujours partie de ma vie. Elles m'ont apporté énormément. J'espère également avoir apporté en retour des moments agréables, des échanges et des éclats de rire, même après des entraînements intenses et exigeants.

Equipe Thai de foot 7



Course de 10 km dans Bangkok


Entrainement de Shinkyokushinkai

















Le partage au sein de la difficulté, des moments délicats, nous rapproche encore plus. Le respect se gagne et se mérite. Il ne dépend pas de vos origines, de votre statut professionnel ou de votre compte en banque.

S'installer "dans son propre pays" exige une ouverture d'esprit et des efforts de temps à autre. S'installer loin de chez soi, sans repères, demande encore plus d'efforts, de patience, et implique d'accepter que les différences existent sans pour autant devenir des barrières infranchissables. Il me semble que cette citation est de Coluche : "Vous n'êtes pas responsable de la tête que vous avez, mais vous êtes responsable de la gueule que vous faites."

Pièce de théâtre 




 









lundi 21 août 2023

Épisode 3 : Alex, mon ami

Je suis dans mon appartement, occupé à vaquer à mes occupations, peut-être sur mon ordinateur… mon souvenir de ce moment est vague.

J’entends qu’on sonne à ma porte, plusieurs fois… Quelques instants plus tard, avant que je n’aie eu le temps d’ouvrir, quelqu’un toque.

C’est bon, relax, j’ai entendu, j’arrive.

J’ouvre la porte et je vois Nina, la copine de mon ami Alex, paniquée.

J’ai rencontré Alex et Nina dans la résidence où je vis, et nous avons très vite sympathisé.

Alex est Anglais et a pris sa retraite en Thaïlande. Nina travaille pour une compagnie qui organise des salons sur le mariage.

Nous nous voyons souvent pour prendre un café, partager un repas, et Alex me donne des cours d’Anglais. J’ai raté des opportunités professionnelles à cause de mon niveau d’Anglais insuffisant.

Une belle relation se développe, et nous apprécions ces moments passés ensemble.

La vie est faite, de temps en temps, de ces rencontres où il n’y a aucun intérêt, aucune arrière-pensée, juste le feeling qui opère et qui rend ces rencontres encore plus belles.

Je demande à Nina ce qui ne va pas, elle me répond… "Alex".

"Quoi Alex ? On a mangé ensemble il y a moins d'une heure. Je ne comprends pas ce qui se passe.

Je me rends dans leur appartement et je vois Alex, assis sur une chaise, un peu sonné mais conscient.

Je lui parle pour m’assurer qu’il m’entend, je lui demande de me parler pour être sûr qu’il reste conscient.

Il me répond, ses propos sont clairs, et il me dit qu’il a fait un malaise, mais que ça va mieux.

Depuis quelques jours, quand je rencontrais Alex, il avait des malaises, assez courts.

Il avait été voir un médecin, mais devait avoir un traitement… Il attendait que son assurance prenne en charge ces frais.

"Alex, va faire ce traitement. S’il le faut, je participerai aux frais et tu me rembourseras plus tard."

J’insiste, mais il refuse… Je ne peux pas le forcer… J’aurais dû.

Alex reprend ses esprits, il va mieux, la pression tombe et le calme revient.

Nina me demande s’il faut annuler l’ambulance qui a été appelée.

"Non. Il est préférable qu’un médecin le prenne en charge. Ces malaises sont inquiétants"

En attendant que le médecin arrive, Alex est toujours assis sur une chaise. J’essaie de le garder conscient, je lui parle, lui passe de l’eau froide sur le cou… Je sens qu’il a tendance à s’évanouir.

"Reste conscient, Alex, s’il te plaît. Le docteur arrive."

Soudainement, il s’écroule dans mes bras.

Au même moment, Neil, un copain Anglais qui vit dans la résidence, arrive.

J’ai le souvenir qu’on allonge Alex au sol.

On commence un massage cardiaque, Neil insuffle de l’air à Alex dans la bouche, je fais le massage cardiaque.

Je n’ai aucun souvenir de comment nous nous sommes réparti les gestes à faire, mais sûrement le réflexe de cours de secourisme.

Le temps paraît interminable jusqu’à l’arrivée du médecin.

Pendant combien de temps avons-nous massé Alex ? Quelques minutes, surement plus mais ça nous a paru être des heures.

Le médecin prend Alex en charge avec son équipe, on est fébrile mais confiant.

Malgré de nombreuses tentatives pendant 30 minutes, Alex ne réagit pas.

Tout est tellement confus, les souvenirs se bousculent, et je peux me tromper dans mes souvenirs, mais je vois l’image de ce médecin qui se relève et me dit : "On continue ?"

Comment puis-je prendre une telle décision ? Je n’ai aucun droit pour ça.

"On continue…"

Alex sera déclaré décédé un peu plus tard.

C'était en Août 2012… Le temps a passé depuis, tous ceux qui connaissaient Alex ont poursuivi leur vie, moi y compris, mais les souvenirs restent, et il ne faut pas garder en mémoire que ce jour où tout a basculé.

Ma mémoire a effacé ou plutôt gardé au fond d’elle-même certains moments de ce jour.

Est-ce une protection ? Je ne sais pas, sûrement, mais rien n’effacera ces moments passés ensemble, cette complicité, ces partages qui ont créé cette amitié entre des gens qui n’avaient pas la même langue, la même éducation, mais qui avaient un point en commun : le respect de l’autre.

"We miss You, Alex."






vendredi 4 août 2023

Épisode 2 : C'est Un Gag ?

Mon téléphone vibre, je viens de recevoir un message… ou plutôt une photo envoyée par une connaissance.

Je regarde cette photo, un peu incrédule : je me reconnais sur cette photo, mais le contexte me paraît irréel. On s'échange des photos avec des amis après un voyage, un repas, mais je ne reconnais pas du tout l'endroit où cette photo a été prise. Ça me paraît tellement improbable.

Bangkok 2014

Je renvoie un message pour demander si cette photo est un montage, en tout cas bravo, car ça paraît tellement réel.

Une réponse arrive rapidement, et cette personne dit non, ce n'est pas un gag. Elle me dit qu'elle vient de prendre cette photo dans le BTS, le métro de Bangkok.

Comment ma photo peut être dans le métro de Bangkok, visible par des milliers de personnes qui l'utilisent chaque jour ? Je ne le sais pas encore, mais ce qui apparaît à la base comme un gag à mes yeux va me faire aller de surprises en surprises.

Environ 2 ans plus tôt, un copain qui se rend à un casting pour une publicité me demande de l'accompagner. Je me dis que ça pourrait être sympa de découvrir ce milieu que je ne connais pas.

Quand on arrive au casting, il faut toujours remplir une fiche de renseignements, mais je suis là uniquement pour accompagner. Donc, quand la personne à l'accueil me demande de remplir cette feuille, je souris et précise que je ne suis pas là pour faire ce casting. Elle me dit : "Ça ne vous coûte rien d'essayer." Et me voilà embarqué dans ce casting, sans aucune attente, juste pour vivre cette expérience originale.

Quelques jours plus tard, je reçois un message : à mon grand étonnement, je suis choisi pour tourner dans cette publicité.

Les dates de tournage sont fixées un mois plus tard... et plus de nouvelles jusqu'à une semaine avant ce tournage. J'envoie un message pour avoir des nouvelles, on me dit qu'on va me recontacter rapidement... ce ne sera jamais le cas.

Mon expérience aura été de courte durée dans ce milieu... mais le hasard des rencontres va me faire changer d'avis.

Un ami que j'ai rencontré dans la résidence où je vis me dit que je devrais essayer de faire de l'acting/modeling. Je lui réponds que non, lui racontant mon expérience précédente.

Finalement, il me donne 2 contacts d'agents... et me voilà relancé vers le graal : un Oscar à Hollywood.

Je fais quelques apparitions dans des pubs... certes, en tant que figurant. Je fais quelques castings, dont le résultat est toujours le même : le néant. Le tapis rouge à Cannes et sa montée des marches est encore loin.

Je me rends à un autre casting, pas pour une pub, mais pour une séance photo. Mais je trouve surprenant qu'il n'y ait pas ou si peu de monde pour postuler.

Posée sur une table, je vois une photo du modèle recherché pour cette séance de photo. Je suis surpris par la ressemblance entre cette photo et moi-même.

Quelques jours plus tard, je reçois un message de l'agent : je suis choisi.

La séance de photo se passe bien. Dois-je déjà prendre mon billet d'avion pour Cannes ou Los Angeles ? Hollywood, me voilà.

Quelques semaines se passent... jusqu'au jour où je reçois cette photo sur mon portable.

J'avais demandé à quoi servirait la photo... réponse vague, surement le secret professionnel. Finalement, ce milieu a des codes que je ne maîtrise pas.

Après la surprise, la stupéfaction et quelques recherches sur internet, je comprends : cette photo (ainsi que celles de 2 autres modèles) servira de support à une campagne de pub pour une application permettant de visionner des films. Cerise sur le gâteau, cette application s'appelle ''Hollywood HDTV''.

J'appelle un ami, Steph, passionné de photographie, et je lui dis qu'il faut qu'on aille prendre des photos dans le métro. Quand ? Ben maintenant si t'es dispo.

On arrive à une station de BTS (le métro de Bangkok), je ne vois rien, quelques rames de métro passent, rien. Je me pose des questions quand soudain…

Une rame arrive sur le quai, je vois ''Hollywood HDTV'' sur chaque wagon... cette campagne de pub est bien réelle. On monte dans un wagon et je vois ma photo... incroyable.

Il faudra, après des dizaines de photos prises, que Steph me fasse sortir de ce wagon. Finalement, on est bien dans le métro de Bangkok.

Quelques jours passent, l'excitation retombe et je reçois une photo d'un copain : la photo, la même, est sur un écran géant dans l'une des plus grandes intersections de Bangkok.


Un autre copain m'appelle : "Ta photo est sur YouTube."

J'apprends aussi qu'il va y avoir un salon au Queen Sirikit National Convention Center où l'application sera représentée : je m'y rends, et... encore cette photo affichée sur écran géant ou sur le stand ''Hollywood HDTV''.


C'était en 2014... nous sommes en 2023, et je ne suis toujours pas allé à Hollywood... ni même à Cannes.

Ai-je mérité cette exposition ? Bien sûr que non.

Avais-je un talent particulier ? Non.

J'avais juste le profil qui était recherché, le visage qu'ils voulaient.

Est-ce de la chance ? En partie, mais pas que.

Cette citation n'est pas de moi, mais la chance appartient à ceux qui la provoquent.

Faire les bonnes rencontres, positives, qui vont vous pousser, vous entre-ouvrir des portes.

Accepter l'échec, encore et encore, mais toujours essayer, encore et encore.

Est-ce que cette expérience a changé ma vie ? Pas du tout, ce fut juste un moment d'euphorie.

Il faut apprécier le moment présent et revenir à la réalité, rester les pieds sur terre, rien n'est éternel.

Je n'aurais jamais imaginé vivre une telle expérience en débarquant à Bangkok en ce jour de novembre 2009... le futur m'apportera d'autres moments que, même dans mes rêves, je n'aurais imaginé... mais aussi des moments difficiles qui vous marquent, comme une empreinte indélébile au plus profond de vous.




jeudi 3 août 2023

Épisode 1 : Le Départ


Aéroport de Nice Côte-d’Azur 
04 Novembre 2009                      

Deux copains… non, deux amis avec qui j’ai partagé de merveilleux moments, beaucoup de complicité, mais aussi qui ont été présents, qui m’ont soutenu dans ce qui a été et restera sûrement, le moment le plus difficile de ma vie.

04 Nov'2009

Nico et Fab sont avec moi à l’aéroport de Nice ce 04 Novembre 2009.

En 2002, nous étions tous les 3 dans ce même aéroport, excités et impatients de découvrir l’Asie pour la première fois. Chacun avait son sac à dos, son passeport. Direction la Thaïlande.

Aujourd’hui, je suis le seul à avoir un sac à dos et un passeport… pas sympa les gars de me laisser partir tout seul… mais je sais que s’ils le pouvaient, ils m’accompagneraient dans cette aventure.

Quand nous sommes revenus tous les 3 de notre voyage en Thaïlande, on s’était dit que ce serait génial si l'un de nous pouvait un jour s'y installer. Sachant qu'il y a toujours une part d’imprévus, d’obligations qui rendent nos rêves difficiles à accomplir, nous nous mettons nous-mêmes des barrières, hésitons, avons peur, et notre zone de confort si douillette nous rassure. Nous nous trouvons des excuses pour ne pas franchir le pas, la peur de l’inconnu nous saisit et finalement… nous ne faisons rien.

Il n’y a pas besoin de partir à l’autre bout du monde pour être heureux, vivre ses rêves et prendre des risques. Le plus important est, à mes yeux et comme le dirait un bon copain : "mission accomplie".

Quand on regarde dans le rétro, on doit pouvoir se dire que, certes, nous n’avons pas pu tout faire, mais nous sommes fiers de notre parcours, fiers de ce que nous avons accompli.

Je viens de faire l’enregistrement de mes bagages, dernière accolade avec Nico et Fab. Nous sommes tous excités et émus. Je passe les contrôles de sécurité, je me retourne vers eux, mais je ne les vois plus.


À ce moment-là, je réalise que ma vie va changer. Je panique un peu. J’ai tout laissé derrière moi, vendu ma voiture, quitté mon appartement. J’ai juste un sac à dos, mon passeport, et dans quelques heures, je serai à Bangkok : je ne connais personne, aucun contact, j’aurai juste 30 jours d’autorisation de séjour sur mon passeport à l’arrivée.

J’ai essayé de prendre quelques contacts professionnels : aucun retour, trouver un quartier pour me loger : je découvrirais ce quartier…quelques années plus tard.

J’ai juste réservé quelques nuits d’hôtel et j’ai rendez-vous dans une école pour m’inscrire et apprendre le Thaïlandais.

L’avion s’aligne sur la piste de décollage et prend son envol. Je regarde par le hublot pour voir cette belle ville de Nice où j’ai tant de souvenirs.

Soudain, j’éclate en sanglots. La peur, l’angoisse et l’anxiété de me lancer dans cette aventure… bien sûr que ces sentiments sont en moi, mais pas à ce moment-là.

Je cherche le cimetière où est enterrée ma Maman. Je sais que c’est utopique, mais j’en ai besoin.

Je me dis : "Mais quel fils je suis pour laisser cette Maman qui a tant souffert pour que mon frère et moi-même ayons une vie 'normale', partir si loin d’elle."

Quelques années plus tôt, on avait eu une conversation et elle m’avait dit que je devrais voyager moins, économiser, mais je lui avais dit que je voulais découvrir le monde, vivre ma vie.

Quelques semaines plus tard, peut-être quelques mois, elle m’avait regardé dans les yeux : "T’as raison, mon fils, profites."

Non, je ne suis pas un fils indigne et je sais que tu seras là, à mes côtés, chaque jour, chaque minute.

Qu’on le veuille ou non, notre passé nous suivra, même à l’autre bout du monde, nos émotions seront influencées par notre vécu.

A nous d’utiliser tous ces éléments afin que ça devienne une force, pas une faiblesse.